"Le développement durable n'est pas une contrainte, mais une opportunité" – table ronde développement durable (partie 1/3)
23 août 2022Début mars 2020, Experience avait réuni un groupe d'agences événementielles pour un débat consacré au développement durable sur les événements. La semaine suivante, notre pays était totalement confiné. Aujourd'hui, soit plus de deux ans plus tard, le secteur événementiel tourne enfin à nouveau à plein régime. Mais que sont devenues entre-temps les ambitions en matière de durabilité? Ont-elles été mises au frigo pendant la pandémie? Ou cette crise a-t-elle justement été l'occasion de changer de cap une fois pour toutes? Il était temps d'organiser à nouveau une table ronde...
Nous avons réuni au Pentahotel Brussels City Centre un panel de quatre jeunes motivés pour qui la durabilité constitue non seulement une préoccupation professionnelle, mais aussi un mode de vie. Victor Buisseret est depuis six mois Sustainability Manager à l'ACC, l'association professionnelle du secteur de la communication. Marie Delvaulx est directrice de The Shift, la communauté belge du développement durable, qui rassemble 560 membres dont des entreprises, ONG, universités ou administrations. Gilles De Backer et son agence Utopia Events ont l'ambition de réduire au maximum les émissions de tous les événements produits. Tandis que Manon Glauden, en tant que Transition & Communication Advisor chez VO Event, planche depuis déjà six ans sur la RSE de l'agence, et a également été dans l’équipe de création du Circular Event Toolkit de VO.
Commencer par soi-même
Lors de la précédente table ronde, tout le monde débordait de bonnes intentions pour se lancer dans le développement durable. Mais après ces deux années difficiles, que reste-t-il de ces ambitions? "J'ai l'impression que l’élan de la durabilité a tout de même été par beaucoup mis de côté durant la pandémie", lance Manon Glauden. "Les mesures imposées aux événements pour le redémarrage post-Corona comprenaient beaucoup de solutions avec des emballages supplémentaires et davantage de plastique à usage unique. Mais les agences doivent vraiment remettre cette thématique à l’avant-plan. Heureusement de nombreux clients demandent aujourd’hui de nouvelles avancées en la matière." Pourtant, la période Corona a également offert des opportunités. De nombreuses agences ont profité de leur ‘temps libre’ pour élaborer une stratégie en matière de durabilité. "Il faut toujours commencer par les propres émissions de l'agence", estime Victor Buisseret. "Durant le Corona, nous avons eu le temps d'évaluer notre approche en interne, ce qui a permis d'accroître l'expertise pour les activités et les événements que vous organisez." "De nombreuses entreprises et organisations ont pris le temps de réfléchir en interne sur comment sortir de la crise et comment intégrer le développement durable", affirme Marie Delvaulx. "Durant cette période, nos webinaires et événements en ligne ont dès lors attiré énormément de participants."
“J'ai l'impression que l’élan de la durabilité a tout de même été par beaucoup mis de côté durant la pandémie. Heureusement de nombreux clients demandent aujourd’hui de nouvelles avancées en la matière..” – Manon Glauden, VO
Opportunité
"Lorsque les entreprises constatent que leurs concurrents accordent beaucoup d'attention au développement durable, elles finissent par devoir suivre le mouvement", estime Gilles De Backer. "Cela finira par obliger les autres agences événementielles à également accélérer dans ce domaine. Pourtant, un récit durable ne s’écrit pas en un jour. Nous aussi, nous devons encore prendre d'autres mesures. Mais il est important d’élaborer un bon plan, et de savoir vers quoi on veut aller." "La durabilité apporte également une réponse aux problèmes mis en lumière par le Corona", poursuit Manon Glauden. "Depuis deux ans, on constate des problèmes d'approvisionnement en matériaux et produits venant de l'étranger. Auxquels il est possible de répondre en se tournant vers des fournisseurs locaux. Il ne faut pas voir le développement durable comme une contrainte, mais plutôt comme une opportunité. Et nous pouvons aussi mettre ici à profit notre créativité."
Guider le client vers une solution plus durable
"Les agences peuvent rendre les événements plus durables à de nombreux égards", déclare Marie Delvaulx. "Mais elles peuvent aussi aller plus loin, et refuser d’organiser certains types d’événements. Je pense par exemple à ceux qui nécessitent de prendre un avion, ou encore ceux organisés sur des bateaux de croisière ; ils ne sont, de facto, pas durables." La question est, naturellement, de savoir si chaque agence est en mesure de refuser catégoriquement un événement. De plus, il y a de fortes chances qu'une autre agence sera prête à prendre le relais. "Refuser un événement n'est pas toujours la solution", estime Victor Buisseret. "Cela offre en effet une opportunité pour l'agence. Lorsqu’un client arrive avec une demande excessive, vous pouvez essayer de l’envoyer dans une direction plus cohérente. C'est aussi sur cela que nous voulons baser notre stratégie. Sur ce guidage." "A nous de proposer une alternative qui fera l’unanimité", ajoute Manon Glauden. "D'autres types d'événements émergent donc, grâce aussi à l’hybridation. Au lieu de réunir 900 personnes venues du monde entier, il est par exemple possible d’opter pour plusieurs événements de plus petite taille, connectés, permettant ainsi d'économiser de nombreux vols et donc beaucoup de CO2."
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