Audiovisuel

Nov 22, 2024, 11:36
“Le secteur doit présenter un front uni”
(c) Studio Regie

“Le secteur doit présenter un front uni”

09 avril 2020

Chaque entreprise du secteur événementiel est frappée par la vague des annulations. Mais l’impact effectif varie selon les segments et les sociétés. Aujourd’hui, nous nous tournons vers Jo Pauly, directeur de la société de production audiovisuelle Visual Solutions, qui nous explique comment il envisage les prochains mois pour son entreprise, et ce qu'il attend encore du gouvernement.

 

L’équipe de Visual Solutions devait normalement dresser chapiteau pendant deux mois à Rotterdam, pour le Concours Eurovision de la Chanson. En août, elle avait au programme l’Expo Universelle à Dubaï. Ce ne sont que deux projets prestigieux d’une longue liste, qui ont été annulés par les circonstances actuelles. “La première annulation est intervenue dès le 6 janvier, pour un projet à Hong-Kong, et depuis lors, tout ce qui était à l’agenda jusqu’en octobre a été supprimé. Une véritable hémorragie. Plusieurs projets seront reprogrammés en 2021, mais 2020 est une année perdue en termes d’exercice fiscal. Nos revenus vont être quasi nuls, ce qui signifie que nous allons devoir puiser dans notre ‘bas de laine’ pour les pensions.”

Les mesures actuelles sont insuffisantes pour les grandes entreprises

Jo Pauly suit évidemment de près les mesures prises par le gouvernement pour soutenir le secteur événementiel pendant cette période. “Mais nous sommes naturellement une industrie avec énormément de différences. Vous avez, d’une part, de grandes agences événementielles et entreprises audiovisuelles, qui ont beaucoup de matériel et de personnel. D’autre part, vous avez aussi une foule de petites sprl et d’indépendants qui travaillent seuls. Les mesures de soutien annoncées jusqu’ici n’ont qu’une efficacité à court terme et uniquement pour une part limitée de notre secteur. Elles ne font que postposer les problèmes d’un mois, peut-être. Pour les grandes entreprises, qui ont des frais fixes importants, ces 3000 euros ne sont qu’un cataplasme sur une jambe de bois.”

Un soutien plus détaillé

Jo Pauly se réjouit néanmoins de la constitution d’un groupe de travail collectif visant à mettre en avant les intérêts de toute l’industrie. “Les solutions proposées jusqu’à présent par le gouvernement ne sont peut-être pas les plus efficaces. Mais c’est une ouverture vers un soutien plus détaillé, plus en adéquation avec l’ampleur et le chiffre d’affaires de chaque entreprise. C’est pourquoi il est important que notre secteur présente un front uni et n’apparaisse pas comme un ensemble de dizaines de sous-secteurs, fonctionnant chacun à leur façon. À l’image de l’Horeca, qui navigue sous un seul pavillon commun. C’est la seule façon d’être vraiment pris au sérieux. Un organisme faîtier, tel que le groupe de travail, peut porter notre voix. À condition bien sûr que chacun puisse s’y faire entendre, y compris les petites entreprises et les freelances. Nous devons nous efforcer d’intégrer tout le monde dans cette démarche, du plus petit au plus grand.”

Pas de demande financière

“Je ne suis pas pour les demandes de soutien financier. Ce n’est pas parce que vous avez une baisse de revenus que quelqu’un d’autre doit vous donner de l’argent. Je pense qu'on peut trouver des solutions de soutien au niveau fiscal, en fonction du chiffre d’affaires. Le taux d’imposition d’une société oscille entre 20 et 30%. Il faudrait pouvoir l’adapter temporairement. On peut laisser tomber le précompte mobilier sur la réserve de liquidation. Et une baisse temporaire de la TVA nous aiderait également. De telles mesures flexibles et temporaires pourraient permettre à de nombreuses entreprises de respirer un peu. Je garde confiance, je sais qu’il est possible de trouver une solution mature à long terme, pour tous les petits et les grands intervenants de notre secteur”, conclut Jo Pauly.