Event management

Nov 21, 2024, 16:20
"Rendre le secteur événementiel à nouveau attractif en plaçant le collaborateur au centre des préoccupations"
(c) Marco Mertens

"Rendre le secteur événementiel à nouveau attractif en plaçant le collaborateur au centre des préoccupations"

06 décembre 2022

L'innovation, le développement durable et le capital humain jouent plus que jamais un rôle central dans le monde des entreprises. Autant de thématiques dans lesquelles Siviglia Berto a précisément accumulé des années d'expertise. Principalement active aujourd'hui comme managing director de B-Tonic, elle développe des politiques de bien-être durable sur mesure pour les entreprises. Ci-après, elle nous livre son point de vue quant aux principaux défis relatifs au capital humain dans le secteur événementiel.

B-Tonic est une start-up et filiale de Baloise. "En tant qu'acteur clé sur le marché belge des assurances, Baloise milite en faveur d’un avenir durable. J'aime faire la comparaison avec un parapluie. Les gens l’ouvrent pour se protéger du feu, des dommages causés à la maison, à leur vie, etc. Mais sous ce parapluie, vous êtes surtout vous-même. Et tant que vous n'êtes pas fort vous-même, ce parapluie reste sensible aux vents violents ou aux fortes averses. Toutes les assurances ont alors peu d'importance. La meilleure assurance consiste dès lors à se sentir bien dans sa peau. Si nous ne pouvons pas inclure cela dans une police d'assurance, nous pouvons par contre favoriser ce bien-être au moyen d'une plateforme de santé comme B-Tonic. Nous travaillons sur la santé sociale, mentale et physique et encadrons les entreprises et les entrepreneurs afin qu’ils deviennent plus forts."

Le bien-être mental, priorité n°1

L'attention accordée au bien-être au travail a clairement évolué ces dernières années. "Le changement est énorme. La pandémie a fait du bien-être mental la priorité numéro un. Ce sujet n'est plus tabou et les gens peuvent, doivent et osent en parler. C’est du jamais vu. Nous sommes également confrontés à la complexité du travail hybride. Certaines entreprises pratiquaient déjà le télétravail, d'autres pas du tout, de telle sorte que cela a également entraîné un énorme changement. Idem pour les événements et le soutien aux télétravailleurs. Certains fils conducteurs sont donc nécessaires pour mieux travailler et maintenir un niveau de productivité et résilience le plus optimal possible."

"La pandémie a fait du bien-être mental la priorité numéro un."

Plus qu'un simple travail

Depuis la crise du Covid, les collaborateurs réclament un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. "Surtout dans le secteur culturel et événementiel. Ayant moi-même travaillé dans le secteur événementiel pendant 18 ans, je sais ce qu’il en est. Vous y travaillez pendant de nombreuses semaines et mois à un rythme infernal sur un projet. Aujourd’hui, les collaborateurs ne veulent plus repousser autant leurs limites. La vie ne se résume pas au travail. Les enfants, la maison, les loisirs sont passés davantage à l’avant-plan. Un énorme défi nous attend donc. Plus les cadres sauront le comprendre, plus le résultat sera positif pour tout le monde."

Différents axes

Le bien-être au travail est un concept ayant une portée très large. "C’est une question d’inclusion, d'être heureux, de santé, d'équilibre, de leadership, de responsabilité, de sécurité, de résilience... L'équilibre entre vie professionnelle et vie privée en fait partie: comment cela se passe-t-il à la maison et comment je me sens au travail? C'est une question importante, surtout vu le nombre de burn-outs, déjà en hausse de 40% par rapport au début de la pandémie. L’INAMI dénombre actuellement 500.000 malades de longue durée. Il va donc falloir faire quelque chose pour mieux encadrer les gens, et sur différents axes en même temps. Le bien-être financier joue ici assurément aussi un rôle clé. Vous pouvez être bien encadré en matière de bien-être mental, résilience, alimentation saine, etc., si vous ne pouvez pas payer vos factures, cela n’aura aucun sens. Il faut donc d’abord solutionner ce problème."

Un travail qui a du sens, mais peu durable

De par son expérience dans le secteur, Siviglia ne connaît que trop bien les avantages et les inconvénients du métier de l’événement. "L'effet magique constitue son plus gros atout. Vous pouvez faire vivre aux gens une expérience ou une émotion qu'ils ne vivront pas ailleurs. Vous avez un impact sur les participants. Vous réalisez un rêve. Cela en fait donc un travail qui a particulièrement du sens. L'inconvénient, c’est qu'il ne s'agit généralement pas d'un secteur durable. On opte souvent pour des one-shots ou des missions ponctuelles. Il y a là un gros défi. L'équilibre entre vie professionnelle et vie privée constitue également un défi: les longues heures, les longues journées... Il faut pouvoir travailler de manière très flexible et transformer le stress en quelque chose de positif. Ce n'est donc pas donné à tout le monde. Mais lorsqu’on dispose des aptitudes appropriées, il est possible de s’amuser énormément."

Un environnement de travail sûr

Les défis auxquels le secteur a été confronté ces dernières années – et est encore aujourd'hui confronté – sont en grande partie liés au capital humain. "Nombre de gens ont quitté le secteur événementiel pendant la pandémie et il n’est pas évident aujourd'hui de trouver de nouveaux talents possédant les qualités requises. En outre, il faut également encadrer au mieux les collaborateurs actuels afin qu'ils restent motivés et ne partent pas ou ne se mettent pas en maladie. Pour redonner de l’éclat à ce métier, il importe donc d'apporter des adaptations pour protéger le collaborateur. Comme, par exemple, une offre mixte au niveau de la valorisation, comprenant un plan de mobilité, un package bien-être et des formations. Les collaborateurs doivent sentir qu'ils se trouvent dans un environnement de travail sûr et qu'il y a une approche durable. Si les agences commençaient à partager les tendances et les meilleures pratiques – éventuellement par le biais des fédérations –, ce serait une énorme avancée. Pour moi, c'est crucial. On ne doit pas se retrancher chacun dans son coin et se protéger. Le partage de ces informations profiterait à l’ensemble du secteur."

Mesurer, c'est savoir

Mais les individus sont si différents qu'il n'existe pas de solution universelle. "Surtout dans les petites entreprises, je commencerais par examiner ce qui procure de l’énergie au collaborateur, ou ce qui lui manque... Pour l'un, il pourra s’agir d’une formation tandis qu’un autre souhaitera un horaire plus flexible... Il importera cependant d'être très ouvert par rapport aux membres de l'équipe et de créer une culture de l’ouverture où chacun osera dire les choses. Cette approche demande certes un peu plus de temps et d'énergie, mais si les gens partent et que vous devrez recruter à nouveau, cela aura aussi un coût. Pourquoi les gens font-ils un travail? Parce que cela leur procure de l'énergie. Il est donc essentiel d'analyser ce qui réduit cette énergie. Nous disposons à cet effet d'une application pour sonder l’humeur, qui collecte des données de façon anonyme sur la façon dont les collaborateurs se sentent. Parce que mesurer, c'est savoir. Cette base permet d’élaborer un plan pour les années à venir, et de mettre l’équipe au défi quant à ce qu'elle aimerait faire différemment."

"Pour redonner de l’éclat à ce métier, il importe d'apporter des adaptations pour protéger le collaborateur."

De l’attention aussi pour l'entrepreneur lui-même

Mais quid du bien-être des cadres? "Le bon leadership est essentiel. Les cadres et les entrepreneurs eux-mêmes ont également besoin d'être soutenus. Ils doivent faire face à un manque de personnel, ont une entreprise à gérer, il y a tellement de facteurs... Et ils se retrouvent souvent seuls. Vous pouvez montrer votre fragilité. Cela vous rendra plus humain et montrera que vous faites preuve d’empathie. Cela entraînera une communication plus ouverte, une confiance mutuelle et de la compréhension. Faites-vous encadrer afin de pouvoir transmettre à nouveau cette énergie positive. Dans le cas d’une pomme meurtrie, le coup ne fera que s'agrandir. Il ne faut donc pas ignorer un problème."

Large éventail de programmes

B-Tonic propose aux entrepreneurs un éventail de solutions immédiatement applicables. "Nous disposons par exemple d’un programme pour élever le taux d'énergie. Un autre programme, ‘b-balanced’, permet de créer davantage d'équilibre, dans tous les domaines. Nous avons également élaboré des programmes sur le leadership et le self-leadership, sur la résonance et l'entrepreneuriat authentique. Parmi les programmes prisés figure notre Energy Boost Challenge. Un programme annuel de six mois, avec en apothéose une randonnée de cinq jours sur le Mont Blanc qui – en compagnie d’autres entrepreneurs – vous sortira complètement de votre zone de confort. Chacun sera confronté à ses propres forces et faiblesses. Cela vous permettra aussi de procéder à du networking et faire le plein d’inspiration. Parfois, en tant qu'entrepreneur, on peut être un peu perdu. Mais en se retrouvant avec d'autres entrepreneurs et en discutant dans un environnement différent, on apprend très vite à penser différemment."

Plan à long terme

Dans la recherche de solutions, il est particulièrement important de procéder à la bonne analyse. "Nous sommes très forts dans ce domaine. Nous faisons une analyse et examinons ce que l'entreprise fait déjà aujourd'hui, et ce qu’elle ne fait pas encore. Cette analyse débouche ensuite sur 10 objectifs et un plan triennal. Sur cette base, nous fournissons les solutions appropriées. Nous disposons ainsi d'une plateforme de coaching en ligne sur des sujets comme le bien-être mental et physique, le (self-)leadership, l’accompagnement du deuil, l’accompagnement des traumatismes, le bien-être financier, l’accompagnement du burn-out, la nutrition, l'exercice physique... Cela couvre de nombreux thèmes différents. Évidemment, nous collaborons aussi avec de nombreux partenaires qui proposent eux aussi des solutions. En fait, nous sommes une sorte de courtier en initiatives de bien-être."

Surmonter les revers

Même si l'avenir du secteur événementiel s'annonce complexe, Siviglia Berto a confiance en ce secteur. "Je comprends très bien sa complexité, et la clé réside dans la résilience. Travaillez durablement à la résilience de vos collaborateurs et de vos cadres afin que le ressort soit de plus en plus solide. Vous verrez automatiquement les solutions au lieu des problèmes. Cette mentalité est d'ailleurs inscrite dans l'ADN du secteur événementiel. Les problèmes ne nous effraient pas. Nous cherchons toujours des solutions. Et essayez ensuite de transposer cela à vous-même et à votre entreprise. Naturellement, il y aura des hauts et des bas. Mais le secteur événementiel a déjà démontré à chaque crise qu’il dispose du talent pour faire de la limonade à partir de citrons."