Event management

Nov 24, 2024, 8:16
“Vous ne pouvez pas prétendre être une entreprise durable si vous ne tenez pas compte du développement durable lors d'un événement” (partie 3/3)

“Vous ne pouvez pas prétendre être une entreprise durable si vous ne tenez pas compte du développement durable lors d'un événement” (partie 3/3)

06 septembre 2022

Experience Magazine avait avons réuni au Pentahotel Brussels City Centre un panel de quatre jeunes motivés pour qui la durabilité constitue non seulement une préoccupation professionnelle, mais aussi un mode de vie. Troisième partie (lisez la partie 1 et la partie 2) du débat consacré au développement durable sur les événements.

Victor Buisseret est depuis six mois Sustainability Manager à l'ACC, l'association professionnelle du secteur de la communication. Marie Delvaulx est directrice de The Shift, la communauté belge du développement durable, qui rassemble 560 membres dont des entreprises, ONG, universités ou administrations. Gilles De Backer et son agence Utopia Events ont l'ambition de réduire au maximum les émissions de tous les événements produits. Tandis que Manon Glauden, en tant que Transition & Communication Advisor chez VO Event, planche depuis déjà six ans sur la RSE de l'agence, et a également été dans l’équipe de création du Circular Event Toolkit de VO.

Plus durable = plus cher?

On dit souvent que les solutions durables ont un prix. Mais les événements durables sont-ils par définition plus coûteux? Manon Glauden nuance ces propos: "il faut voir les choses de manière globale. Oui, il y a des postes qui seront plus chers. Les matériaux utilisés sont différents, et le catering bio et local sera peut-être un peu plus cher... Mais en même temps, réfléchir de manière durable permettra aussi d’éviter d'autres coûts. Au niveau de la mobilité, par exemple: pourquoi ne pas faire marcher 500 personnes d’un point A à un point B lorsque c’est possible? En regardant les choses dans leur ensemble, il sera tout à fait possible de trouver l’équilibre." Il faut également oser regarder au-delà des euros. "C'est aussi une question d'image", intervient Gilles De Backer. "Vous ne pouvez pas prétendre être une entreprise durable si vous ne tenez pas compte du développement durable lors d'un événement. Même si cela coûte un peu plus cher, cela pourra constituer un investissement pour consolider et étayer votre image à long terme. Il ne s'agit pas d'un coût, mais bien d'un investissement."

“Vous ne pouvez pas prétendre être une entreprise durable si vous ne tenez pas compte du développement durable lors d'un événement. Même si cela coûte un peu plus cher, cela pourra constituer un investissement pour consolider et étayer votre image à long terme.” – Gilles De Backer, Utopia Events

Tenir ses promesses pour éviter le greenwashing

Naturellement, il ne faut pas que les événements se donnent une image verte tout en cachant une approche moins soignée. "Le greenwashing peut se produire de manière consciente et inconsciente", explique Marie Delvaulx. "Il y a des entreprises qui veulent délibérément embellir leurs activités. Mais d’autres pensent bien faire et se trompent par manque de connaissance des enjeux et impacts." "Les promesses faites en matière de durabilité doivent pouvoir être évaluées. Mais il n'existe pas encore de véritable réglementation en la matière et il n'est pas toujours simple de pouvoir tout évaluer. "Je pense ici par exemple à l’emploi de gobelets réutilisables lors des précédentes éditions des Gentse Feesten", indique Gilles De Backer. "Ceux-ci étaient collectés et transportés à Liège pour y être nettoyés. En fin de compte, on peut se demander si ces gobelets sont encore durables." Pourtant, il est important de communiquer sur les initiatives durables et de les expliquer aux invités, qui pourront s'en inspirer.

Une nouvelle génération porteuse d'espoir

Pour les quatre participants à notre table ronde, le développement durable constitue vraiment un mode de vie. "Je me suis récemment rendu dans un festival à l'étranger, et ai constaté que le système de tri n'était pas du tout au niveau auquel nous sommes habitués ici", raconte Victor Buisseret. "C'était plus fort que moi, j'ai donc envoyé un e-mail aux organisateurs a posteriori en leur indiquant ce qui, pour moi, pouvait être amélioré. Et ce mail a été très bien accueilli." Il est également frappant de constater que ce sont principalement les jeunes générations qui placent le thème de la durabilité en tête de leurs préoccupations. "La nouvelle génération qui arrive – qui n'est peut-être pas encore le public des événements B2B d'aujourd'hui – est beaucoup plus consciente de la durabilité. J'espère donc que nous pourrons engendrer un changement comme cela s’est fait au niveau du tabac. Aujourd’hui, allumer une cigarette au restaurant choquerait tout le monde. Alors que c’était encore normal il y a vingt ans. Espérons donc qu’il sera également choquant, à l'avenir, de trouver des emballages à usage unique ou uniquement de la malbouffe comme restauration." "Il y aura une transition dans la façon d’organiser les événements", affirme Gilles De Backer. "Tout sera peut-être plus petit et plus compact. Il n'est pas toujours nécessaire d'avoir 500 personnes à un événement pour se présenter. On obtiendra parfois un bien meilleur résultat face à un groupe d’invités plus restreint et en tenant des discours beaucoup plus durables."

“La durabilité va en effet au-delà de l'écologie."Il s'agit par exemple de la représentation des femmes dans les panels et dans les conférences, mais aussi de la diversité sous toutes ses formes.” - Marie Delvaulx, The Shift

Plus que l'écologie

Même si notre discussion a principalement porté sur l'aspect écologique, notre panel souligne que la durabilité comprend également une importante composante sociale et sociétale. "La durabilité va en effet au-delà de l'écologie", affirme Marie Delvaulx. "Il s'agit par exemple de la représentation des femmes dans les panels et dans les conférences, mais aussi de la diversité sous toutes ses formes."  À côté de cela, les participants à notre table ronde souhaitent encore lancer deux appels. "Pendant l'été, le marché du B2B se croise les bras", selon Gilles De Backer. "Pour les agences, il s’agit dès lors du meilleur moment pour examiner leur stratégie en matière de durabilité mais aussi pour appliquer celle-ci dans leur flux de travail, avec une checklist concrète. Ce faisant, elles disposeront d’un fil conducteur sur lequel elles pourront ensuite s’appuyer." Il convient en outre de répéter l’appel familier lancé aux annonceurs. "Les missions de dernière minute rendent plus difficile de travailler de manière durable", conclut Manon Glauden. "Les matériaux encore disponibles à la dernière minute ne seront pas toujours durables. En tant qu'agences, il faut nous laisser la possibilité de trouver les bonnes solutions et les bons fournisseurs."