Chronique : “Il est grand temps pour un reconnaissance officielle du secteur événementiel”
01 avril 2021“S’il y aura des événements cet été ? C’est encore impossible à dire. Mais une fois que nous pourrons réellement reprendre, y aura-t-il encore assez d'organisateurs et de fournisseurs ? Le secteur des événements a été durement touché l'année dernière. Comment peut-il se relever s’il n’existe pas officiellement ?” Une chronique de Christine Merckx, responsable du centre d’expertise Public Impact de la Karel de Grote Hogeschool.
“En tant que responsable du centre d'expertise Public Impact de la KdG, je pense qu'il est grand temps de reconnaître les événements comme un domaine politique. Et pourquoi pas un ministre de l’Événémentiel ? L’objectif n’est pas seulement la relance, mais aussi un cadre durable pour les événements dans notre pays pour l’après-corona.”
“Le secteur de l'événementiel fait face à certains problèmes. Premièrement, le secteur en tant que tel n'existe même pas. Et quand on en parle en tant que secteur, il est souvent négligé, relégué au dernier plan. Ce qui n’est pas étonnant car il n’entre dans aucune case, il ne fait pas partie d’un seul département. Le domaine politique Événements ? Il n’existe rien de tel pour l’instant. Une grande partie des événements, que soit locaux ou supra-locaux, sont répartis entre les domaines de la culture, de l’économie et des sports, mais aussi entre différents départements, comme le tourisme.”
“De là découle un autre problème, à savoir l’absence d’un leader clair. À cause de cet aspect fragmentaire, personne ne peut assumer l'entière responsabilité de ces milliers d'organisations. Elles sont la responsabilité finale de chacun et en même temps de personne. Avec pour conséquence la mise en place d’innombrables protocoles qui ne sont pas toujours cohérents.”
Un ministre de l’Événémentiel, s'il vous plaît
“Plus que jamais, les organisateurs et les fournisseurs ont besoin de reconnaissance et de leadership. La crise du coronavirus a rendu l'organisation d'événements physiques quasiment impossible depuis mars 2020. Les pertes sont énormes. Les recherches de notre centre d'expertise montrent une perte de chiffre d'affaires au sein ces organisations de l’ordre de 70% par rapport à 2019. Près de la moitié de ces organisations ont dû licencier du personnel. Il faudra beaucoup de temps pour s'en remettre et combler le gouffre des dommages économiques.”
“C'est pourquoi, en tant que chercheurs, nous plaidons pour un domaine politique clairement défini dédié aux événements et pour la création d'un secteur avec sa propre commission paritaire. Et pourquoi pas un ministre de l’Événémentiel ? Si nous voulons voir les événements reprendre et se professionnaliser davantage, il y a une responsabilité à prendre au niveau politique également. Une reconnaissance au niveau supra-local pourrait se répercuter sur les autorités locales, et déboucher sur la désignation d’un échevin des Événements dans chaque commune.”
Besoin d’un encadrement durable
“Outre la reconnaissance officielle, il y a un besoin réel de recherche durable pour et à propos de ces organisations, de leurs actions et de leur public. Il est capital de prendre la mesure et de chiffrer l’impact de cette crise sur notre niveau de vie et notre bien-être, y compris à long terme. Des recherches sont déjà en cours actuellement, notamment via notre centre d'expertise et les décideurs. Mais la démarche est trop limitée et fragmentée, et s’attache par conséquent trop à quelques aspects ou sous-secteurs de ce vaste domaine. De plus, les connaissances issues de la recherche sont encore insuffisamment partagées avec les autres départements et parties prenantes.”
L’ambition et l’enthousiasme sont là
“Une relance solide des événements, étayée par un domaine politique, un ministre et une démarche de recherche durable, stimulera le nombre de start-ups et d'entrepreneurs. Une base saine avec du potentiel encourage les investissements. Ce qui ne peut être que bénéfique en termes d’efficacité et de fonctionnalité.”
“Heureusement, nous ne démarrons pas de rien. Il y a déjà une bonne base. Pendant la pandémie, un premier rapprochement s’est opéré par nécessité entre les différentes (petites) fédérations de l’événementiel, qui souhaitaient présenter un front plus uni pour pouvoir faire pression. Ce qui a mené en septembre 2020 à la création d’une collaboration plus structurelle et opérationnelle baptisée Event Confederation.”
“Notre centre d'expertise est lui aussi passé à la vitesse supérieure au cours de l'année écoulée, entre autres en étudiant l'impact de la crise sanitaire, tant du côté de l'offre que de la demande. Nous avons également été étroitement impliqués dans le développement du COVID Event Risk Model, pour une reprise sûre et, espérons-le, rapide du secteur.”
“Aujourd’hui, le secteur des événements a besoin d'une politique globale, d'un protocole unique et de sa propre commission paritaire. Les mesures de soutien dont bénéficient les organisations peuvent suffire à court terme, mais la relance et surtout le maintien du secteur événementiel est un travail de longue haleine. Le temps manque, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre, c’est maintenant qu’il faut intensifier les efforts. L’objectif n’est pas seulement la relance, mais aussi l’encadrement durable des événements dans notre pays pour l’après-corona, avec ses retombées économiques et sociales évidentes.”
Christine Merckx est responsable du centre d’expertise Public Impact de la Karel de Grote Hogeschool.