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Montréal, modèle événementiel pour Bruxelles
© Benjamin Civilia

Montréal, modèle événementiel pour Bruxelles

25 janvier 2019

"Tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin", ainsi pourrait-on résumer la philosophie qui, ces 20 dernières années, a fait de Montréal la première ville d’accueil d’événements internationaux en Amérique. Lors d’un colloque dédié aux industries créatives et événements organisé à l’Institut des Hautes Études des Communications Sociales (IHECS) dans le cadre de son Master en Management d’Événements, Denis Coderre, maire de Montréal de 2013 à 2017, a expliqué comment sa ville est devenue un tel modèle événementiel. Un modèle dont veut ouvertement s’inspirer Philippe Close, le bourgmestre de Bruxelles, pour dynamiser et professionnaliser l’événementiel bruxellois…

Denis Coderre est convaincu que l’avenir passe par les villes, que le monde se définira de moins en moins en termes de pays ou de continents. Les villes vont dès lors de plus en plus se parler entre elles et, à cet égard, l’événementiel peut assurément constituer un trait d’union, un ciment entre ces villes. Car c’est un vecteur de changement, un rassembleur, un catalyseur et il permet très certainement de mieux affronter l’avenir. Pour développer l’événementiel, Bruxelles devra donc notamment, comme l’a fait Montréal, travailler sur plusieurs points. Denis Coderre nous rappelle les principaux.

Fierté et audace

"Il ne faut pas s’excuser de ce que nous sommes. Il faut se définir, être fier de ce que nous sommes. Et, à partir de cela, le démontrer par un événement. Il peut s’agir d’un festival, un rassemblement quelconque… En établissant une certaine tradition parce que la culture fait partie de l’âme d’un peuple. Il faut aussi de l’audace. Cela nécessite certes un équilibre entre le quartier et l’international, mais, si on est citoyen du monde, il faut y aller à fond."

Partenariats

"Trop souvent, on a l’impression que l’événementiel concerne uniquement les services publics. Il faut sortir de ce carcan-là. On a vraiment besoin de s’assurer que et le secteur privé et le secteur public puissent travailler ensemble et, dans le fond, on fait partie de la solution. Un peu comme Montréal, vous avez à Bruxelles plein de gens qui peuvent tout faire. Il faut donc se retrouver ensemble et parler d’une seule et même voix."

Définir sa ville et son environnement

"Avant, on disait de Bruxelles que c’était une ville administrative puis, il y a 12 ans, elle est devenue la capitale de l’Europe. Etre la capitale de l’Europe, cela veut dire beaucoup de choses: de l’intégrité, de la diversité, un point de chute, un carrefour. Par définition, Bruxelles est ainsi déjà un lieu de rassemblement. Il faut prendre cela comme fondation même d’une politique de gestion des événements. Vous avez tous les ingrédients pour y arriver."

Culture et tourisme vont ensemble

"La culture n’est pas une chasse gardée. Ce n’est pas juste une histoire d’élites entre elles. La culture, c’est l’affaire de tous. Il faut donc la démocratiser. Mieux encore, la culture, c’est une industrie, mais aussi un facteur humain via la création d’emplois. C’est un investissement, pas une dépense. Et la culture et le tourisme vont ensemble. Les deux se nourrissent l’un l’autre. Plus vous avez de tourisme, plus vous pensez en termes d’industrie, plus vous rayonnez à travers le monde, plus vous devenez contagieux et plus cela devient un aimant naturel."

Le rôle du public et du privé

"Oui, on veut garder la chasse gardée de la culture et de tout ce qui va avec, mais on a besoin de l’efficience au niveau du secteur privé, on a besoin de se donner des outils de gouvernance qui émanent aussi du secteur privé et cet équilibre entre les deux permettra de sortir gagnant."

L’infrastructure

"Avec son Palais des Congrès et le Quartier des Spectacles inauguré en 2000, Montréal dispose de deux pôles au rayonnement international très fort qui constituent des points de chute, des points de ralliement. Il faut donc mettre à disposition non seulement des fonds, mais aussi une infrastructure pour recevoir les événements. Soit de façon mobile, soit de façon permanente."

Le réflexe ‘Bruxelles’

"En résumé, il faut en premier lieu faire preuve de fierté. Il faut se définir entre nous, pour être fiers de ce que nous sommes. Deuxièmement, il faut avoir ce réflexe ‘Bruxelles’. Il faut non seulement être fiers de ce que nous sommes, mais également utiliser totalement nos forces. Cela signifie aussi ne pas avoir peur dans un contexte de partenariat d’aller chercher aussi notre talent local. D’aller chercher nos industries et de les mettre à profit. Il faut développer le réflexe du carrefour. Il faut sortir de certains tabous: oui, la culture n’est pas juste l’affaire de quelques élites… Cela touche tout le monde et cette culture devient non seulement un vecteur extraordinaire, mais fait également partie de l’industrie et cette industrie-là va nous permettre d’atteindre des sommets exceptionnels. Et, encore une fois, il faut que tout le monde regarde dans la même direction et parle d’une seule et même voix. Bref, tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin", conclut Denis Coderre.