Les agences événementielles en 2022: cure de rajeunissement et de professionnalisation (2ème partie)
11 mai 2022Le 23 février, Experience Magazine a organisé l'événement de networking ‘Back 2 Live’ au site événementiel anversois AEC (Antwerp Engineering Company). Deux heures avant le début de cet événement, nous nous sommes mis à table avec Tom Bellens (Push To Talk), Karin Van Passel (d-side) et Jan De Wieuw (JADA events) pour une discussion transparente sur leur métier en l’an 2022. Nous vous proposons ci-après la seconde partie de notre compte-rendu. Si vous avez manqué la première partie, cliquez ici.
La révolution digitale
En très peu de temps, le secteur événementiel a connu une révolution digitale. Et il ne s'agissait pas d’une solution temporaire, car les événements digitaux sont bien partis pour rester.
Tom Bellens: "Durant la période du Corona, nous avons touché un nouveau marché. Je pense aux entreprises qui n'étaient pas en mesure d'organiser des événements auparavant parce qu'elles travaillaient 24h/24 sous un régime d’équipes, aux hôpitaux et établissements de soins, aux organisations dont la taille est telle qu'un événement en présentiel s’avère impossible dans la pratique ou financièrement difficile... Elles ont désormais goûté à la possibilité d'établir cette connexion via le monde digital. De telle sorte que nous recevons désormais des demandes pour des événements physiques mais aussi digitaux. C'est fantastique. Ces événements digitaux offrent-ils le même niveau de connexion? Peut-être pas. Mais c'est un moyen efficace de communiquer. Je pense que nous devrions nous concentrer davantage sur ce que nous avons pu faire au cours des derniers mois, et pouvons faire aujourd’hui, plutôt que sur ce que nous n’avons pas pu faire.
Karin Van Passel: "Le digital ne disparaîtra plus. Les entreprises qui avaient l'habitude de se réunir deux fois par an optent désormais pour une réunion physique et une réunion digitale. Et elles se mettent à réfléchir beaucoup plus au contenu, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi."
Tom Bellens: "C'est très chouette lorsqu’un client veut combiner le physique et le digital. D'un autre côté, cela complique notre travail. Parce que vous devez avoir le même jour à la fois un bon traiteur et un bon partenaire technique... Vous organisez en même temps une émission de télévision et un événement physique. Ainsi, en termes de planning et d'organisation, nous vivons une époque chouette mais complexe. Avec plus de préparation, plus de cahiers des charges et plus de stress pour l'agence. Il n'est plus possible de se dire ‘cela sera rapidement plié’."
Karin Van Passel: "D'un autre côté, le Corona a fait prendre conscience de deux choses: we love live et we need live. La tape dans le dos à la fin d'une négociation commerciale lors d’un événement physique a encore et toujours plus d’impact qu’un clin d'œil sur un écran."
Jan De Wieuw: "La sensation derrière un écran est donc loin d'être identique. Lors des événements en ligne, on remarque que les gens sont facilement distraits ou n'allument même pas leur caméra."
Finis les longs discours
Les événements physiques vont eux aussi changer en raison des enseignements tirés au cours des deux dernières années.
Tom Bellens: "Les gens exigent désormais la même rapidité et la même compacité pour les événements physiques que pour les événements digitaux. Les longs discours appartiendront au passé. Une évolution en faveur de laquelle nous plaidions d’ailleurs déjà depuis un certain temps, mais le client y était attaché. Lors des événements digitaux, les gens décrochaient facilement dès que ce n'était plus intéressant. Maintenant, ils font de même lors des événements physiques. Nous constatons également que les gens commencent à faire une distinction entre le contenu et les autres aspects. J’observe par exemple que des entreprises proposent du contenu sous forme digitale le vendredi après-midi, pendant les heures de travail. Le samedi après-midi, il y a ensuite du temps pour la connexion et l'intégration. Je suis un partisan de la scission entre informer et enthousiasmer."
"Les gens exigent désormais la même rapidité et la même compacité pour les événements physiques que pour les événements digitaux. Les longs discours appartiendront au passé." – Tom Bellens
Jan De Wieuw: "Naturellement, la donne est différente pour les véritables événements clients. Ici, vous continuerez à adapter votre message dans le cadre d’événements physiques. Même si je suis d'accord pour affirmer qu’il existe des manières beaucoup plus intéressantes de le faire que via le discours typique."
Karin Van Passel: "Nous sommes maintenant plus avancés dans le domaine de la durabilité. Nous avons dû nous battre pendant si longtemps, notamment via l'initiative ‘Don’t Spoil the Party’. Il y a aujourd'hui une prise de conscience, et les gens y réfléchissent plus consciemment. Je pense, par exemple, au fait de faire venir certaines personnes par avion. Si vous faites encore venir des gens par avion, c'est pour un programme complet via lequel vous ne les lâcherez pas. Mais on ne fait plus venir quelqu’un pour l’écouter uniquement pendant deux heures."
Tom Bellens: "Nous avons peut-être tous travaillé trop longtemps de la même manière. Mais nous avons maintenant dû nous réinventer. Et nous l'avons fait."
Jan De Wieuw: "D'un autre côté, en tant qu'agences événementielles, on nous lance tout de même continuellement des défis. Parce que les responsables marketing et communication attendent toujours quelque chose de différent, de mieux."
Les défis pour 2022
Tous les participants à notre table ronde nourrissent de grands espoirs pour 2022. Même s’ils sont bien conscients que les défis à relever dans le secteur sont encore et toujours très importants.
Karin Van Passel: "Tout d'abord, je pense que nous devrions essayer d'obtenir l'adhésion de tous. Je pense que les difficultés vont seulement arriver, et ce pour tout le monde. Les garanties bancaires vont disparaître, les prêts temporaires vont devoir être remboursés, le chômage temporaire va s’arrêter... Les temps vont être difficiles pour notre petit monde."
Tom Bellens: "Les agences qui considèrent le digital – et toutes les autres formes qui se sont développées au cours des deux dernières années – comme un terrain de jeu et qui ont donc évolué sur celui-ci, en cueillent maintenant les fruits et pourront grandir, comme c’est notre cas. Malheureusement, certains collègues me disent que leur téléphone ne sonne pas encore à plein régime. Je leur souhaite sincèrement bonne chance."
Karin Van Passel: "En tant qu'agences, nous ne sommes peut-être que les petites victimes de la crise. D’accord, nous avons vu partir un important capital humain. Certaines agences plus que d'autres. Mais pour nos fournisseurs, cela a souvent été bien pire. Ils ne sont pas encore tirés d'affaire. Donc oui, notre secteur a encore besoin de soutien."
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